Association Sorézienne

Années 44-46

Souvenirs d'Alain Du Lac et d'Henri Joseph-Teyssier

Tout d'abord, le nom d'Henri était à l'époque JOSEPH, car son père était pilote dans les Forces Françaises Libres en Angleterre, et sa mère et lui avaient pris JOSEPH comme nom de guerre.

Les Pères et les professeurs

Le Père AUDOUARD, provincial, n'avait plus d'autres fonctions à l'Ecole. Silhouette de barrique bordelaise, barbe de prophète, avait ses neveux PICHEIRE (d'Agde) à l'Ecole.
Sa photo

Le Père DEYSSON, père Prieur.

Le Père CHARLET, économe, et le Père GRANGE, sous-économe, qui s'occupait de la fanfare puis devint économe.

Le Père MALBRANQUE, dit "Quiquette", brutal, colérique, emporté, mais le meilleur des hommes.

Le Père DASTARAC, directeur des Bleus en 44-45, devenu Régent des études et prof de philo. A succédé à la Régence au Père CASES.

L' Abbé CHARLES, Directeur officiel, un moine n'avait pas le droit de diriger une école depuis la loi sur les congrégations du début du siècle. Signait les papiers officiels !

Le Père PERNET, prof de philo avant Dastarac. A marqué de nombreux élèves, une plaque de marbre rappelle son action dans la classe. Est enterré au cimetière des Pères, comme les P. DEYSSON, AUDOUARD et LAMOLLE.

Le Père DELCUVELLERIE, dit "Cucu". régnait sur les Verts et les jaunes.

Le Père LAMOLLE, landais d'origine. Nous l'avons connu Censeur, il était aussi un excellent prof d'espagnol. Portait béret, souliers à semelles caoutchouc, était toujours là où à notre goût il ne fallait pas ! Ferme mais franc et juste. Son bureau avait abrité en 40 le Commandant du détachement des Ecoles de saint Cyr et de Saint Maixent qui se repliaient sur Tarbes. Une palme de bronze avait été offerte par ces écoles au Monument aux Morts de l'Ecole (elle a disparu !...)

Mr LESTARPÉ, dit "le chat". Joseph parle de son chien, un énorme danois, mais il avait surtout deux mules et une "araïo" (charette à quatre roues), avec laquelle il assurait la liaison transport et taxi (période sans voitures ni essence) entre Sorèze et Revel. Alain Du Lac est entré à l'Ecole en octobre 44, en vélo, suivi par une "calse" d'un des métayers d'En Pinel, véhicule chargé du transport des petits veaux vers le marché de Puylaurens et tiré par une jument poulinière, ladite calse portant la malle contenant couchage et lingerie.
Mr LESTARPÉ, ancien de la garde Républicaine à cheval, en portait toujours le gilet d'arme bleu marine. C'était un mastodonte, grand, gros et large, rayonnant la terreur à la conciergerie, au demeurant le meilleur des hommes. Son épouse le secondait à la conciergerie. Son fils était le chef de l'équipe d'entretien dans les années 70-80. De braves gens.

Mr VIGUIER, dit "Viguier tambour". Charpentier de son état, entretenait la toiture de l'Ecole, mais nous le connaissions comme le professeur de tambour à la Fanfare. Il était présent tous les samedi soir aux répétitions Salle des Bustes.
Par parenthèses, Joseph parle de processions, il doit d'agir du mois de mai, mois de Marie, où tous les soirs à 17 h, Fanfare en tête, on se rendait à la statue qui se trouve côté nord de la carrière d'équitation.

Mr ARNAUD, prof de maths, physique et "logique". Il aurait appris les maths à une vache. Certains élèves lui doivent de ne pas avoir confondu signe du trinome et signe indien ! Arrivé en 45, blessé démobilisé, encore en tenue de commando (béret noir), nous gardons de lui un souvenir ému.

Le Père BURTIN, continuateur de l'œuvre du Chanoine PETITMANGIN (grammaire latine) dont il assurait les rééditions après mises à jour. Il a pris Du Lac presque nul à l'entrée en 1èreC et l'a rendu en fin d'année 2ème au concours Edouard Privat, et avec les félicitations de l'examinatrice à l'oral du bac.

Mr SAUMADE, physique-chimie, avait peur des élèves, lesquels étaient vaches avec lui, lui faisant endosser le squelette des Sciences Nat. Pierre Barrière, fils d'un pharmacien marseillais, voulant faire un feu d'artifice dans la piscine, avait "piqué" un morceau de potassium dans le laboratoire et revenant dans la salle du cours de chimie avait placé ce potassium dans son mouchoir, lequel avait été enfourné dans la poche du pantalon. Nous étions en hiver, donc mouchoir humide... réaction du potassium et Barrière était à lui seul un feu d'artifice. Saumade, ayant pigé vite, l'a déculotté mais Barrière a eu une cuisse gravement brûlée.

Mr BARRIER, gym suédoise (1.2.3.4 - 1.2.3.4 - etc etc). Gym aux agrès dans le gymnase intérieur, barre fixe, plancher savonné, poutre d'équilibre, etc. Dans le gymnase intérieur, où a été créé plus tard le foyer, agrès et surtout "trapèze volant". Oui, nous faisions du trapèze volant (pas très haut). Jouait de la clarinette.

Mr BACH, prof de musique (oui !), avait un fils nommé Jean-Sébastien. A quitté en 45-46. Son successeur, Ralph Carcel, ancien accompagnateur de la célèbre chanteuse Marie Dugas, avait créé avec un surveillant des Rouges un petit orchestre jazz composé d'élèves de la fanfare. Pas mal du tout.

Histoire, géographie et allemand : L'intendant général COIRON. Grand blessé à l'offensive de 1918. Ancien prof d'histoire-géo à Saint Cyr. Remarquable. Ses cours étaient passionnants et vivants. Il avait abonné la classe de Philo-Maths élem à Historia et Géographia, ce qui a permis Du Lac à l'oral du 2ème bac de sortir à l'examinateur d'histoire-géo un article sur le Congo Belge... qu'avait écrit ledit examinateur. On devine la note "canon" !

Le TRP SCHAADET, directeur des Bleus, d'origine égyptienne. Grosse fortune, mais voeux de pauvreté. Les bleus avaient en 47-48 des tourne-disques électriques et non des phonographes !...

Mr GILARÈS, dit "crapeau" ou "Kraps". Surveillant-général, sous-censeur adjoint. Portait toujours cravate blanche comme Laval. Son bureau se situait entre la censure et la chapelle.
L'antienne de Gilarès : Prenez votre littérature et copiez-moi à la page deux cents trois
... "Du Fretay, s'il vous plait"...
... "De Crépy je vous en prie"...

Il soufflait du haut de sa chaire, et ça tombait ("Untel, deux cents lignes").
Ce pauvre Crapaud était fier d'un petit article qu'il avait écrit dans un gros bouquin sur la guerre de 14, qu'on avait le droit de compulser pendant les études libres.

Equitation

Il y avait eu avant-guerre un Mr HOLPEY puis plus rien en 44. Un cousin germain de Du Lac, ayant fait campagne à cheval et venant d'être démobilisé, remplit les fonctions d'écuyer pendant un an avant de se reconvertir dans la vie civile. Est alors arrivé le chef d'escadron De JORNA, commandant de spahis pendant la retraite. Portait toujours son gilet rouge.

La Fanfare

En 45-46, Pergaud De Barbaud crée le pupitre "cor". En 47-48, Feldheim jouait de l'hélicon. En 48-49, sous la direction d'Yves Mazel, la fanfare de l'Ecole a été invitée à tenir la partie musicale officielle de la finale du Championnat de France de rugby à XIII à Carcassonne, où jouait Puig-Aubert, le beau-frère de Bousquet. Voir la photo.

La cloche

Charge importante, elle rythmait la vie des élèves. Le réveil était sonné par un veilleur de nuit, sauf quand la cloche tombait de son support, ce que tout élève-sonneur s'attachait à réaliser. Dans ce cas, la Fanfare se chargeait de l' "affaire". Viguier-tambour était chargé de la réparation, 3 ou 4 jours de délai. Alors clairon et trompette assuraient les sonneries réglementaires du réveil à l'extinction des feux. Etre "sonneur" donnait comme avantage de quitter classe ou étude 5 minutes avant la fin car il était nécessaire de monter à l'étage des Pères pour contrôler l'heure officielle à leur horloge. Courtauly a reçu la charge de Joseph, et Du Lac l'a reçue de Courtauly.

Chauffage

Au charbon. Il y avait plusieurs chaudières à l'Ecole, dont une dans la classe de philo des Rouges, une autre dans l'antre de Cacus. Celle des Rouges nous asphyxiait et l'autre était le Séquestre, en-bas de l'escalier descendant sur la salle centrale. Cacus, le porteur de cahier de présence de classe en classe y tenait ses pénates avec du charbon. Un chapître spécial traite des "cacussinades". Il faut dire que ce chauffage était pour le moins aléatoire, mais bien couverts on étaient habitués, surtout à cette époque (on étaient jeunes).
Il y avait une chaudière à charbon dans l'étude des Rouges, où on mettait des briques à chauffer pour les monter ensuite au dortoir. On y faisait aussi du caramel en faisant fondre du sucre avec un tisonnier chauffé au rouge.

Les Soeurs espagnoles

Elles avaient fui les "rouges" lors de la guerre d'Espagne. Elles géraient lingerie et vestiaire tout en régnant sur quelques demoiselles soréziennes qui reprisaient les trous faits à nos pantalons à hauteur de genou, lors des chutes dans les cours. Ces demoiselles travaillaient près de la fenêtre donnant sur la Cour des Arts, fenêtre objet de nos oeillades. La soeur du vestiaire nous morigénait en franco-espagnol :"A la pétit salopar il a fait une accroc a sú pantalone". On allait à leur chapelle pour le service anniversaire de la mort du Père Lacordaire.

Les fêtes

La Saint Nicolas, fête des Verts
Au Salon Bleu, les Verts donnaient une soirée en jouant la légende du Saint. Un bahut servait de saloir, mais parfois la porte s'ouvrait trop tôt à cause d'une querelle mettant aux prises les 3 petits sensés attendre leur résurrection !...

Pour Carnaval (pas de vacances), la fête consistait en la loterie de la Conférence Saint Vincent de Paul.

La fête de Jeanne d'Arc : l'Ecole, musique en tête, défilait dans la ville et les élèves se regroupaient sur les marches de l'église du village pour chanter comme à Orléans Etendard de la délivrance.

La Ferme

Entre manège et église du village, il y avait une basse-cour importante en périodes restrictives. Un soir, nous avions distribué du blé trempé dans l'eau de vie aux poules. La volaille s'était déchaînée puis endormie pour quelques heures.

Divers souvenirs

Il y a eu en 44 une espèce de révolution chez les Rouges qui ont défilé en conspuant le Prieur. Certains Bleus qui étaient hébergés chez les Rouges en ont fait partie (Edouard De Crépy...). Ils ont tous été virés sauf quelques-uns dont De Crépy et Jarry qui ont été récupérés par le Père Charlet pour garder la Fanfare.
A propos de la Fanfare, le Père Charlet avait sélectionné quelques musiciens pour accompagner certaines fêtes. Je me souviens de la "Belle Hélène" où Descayrac jouait Chalcas. Les metteurs en scène étaient Mme Fontanille, l'épouse du pharmacien, et Mme Auffray, la mère du chanteur bien connu.

Les allemands

L'armée allemande a occupé une partie de l'école en 1943 et au premier semestre de 1944 (à peu près). Le gros de la troupe occupait la partie est du parc, avec les véhicules militaires en tout genre, la conciergerie était transformée en poste de transmission, et il y avait au moins une sentinelle visible de l'extérieur au pied du monument au père Lacordaire.
Souvenir de Pierre Gailhanou (43-45).

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